jeudi 8 mai 2014

Pierre Drieu La Rochelle

"Il n'était pas fait pour vivre. La vie telle qu'elle s'offrait à lui, telle qu'il semblait pouvoir la vivre, était inattendue, décevante de façon incroyable. Il n'était capable que d'une seule belle action, se détruire. Cette destruction serait son hommage à la vie, le seul dont il fut capable." Pierre Drieu la Rochelle (Gilles)

"Le suicide, c'est la ressource des hommes dont le ressort a été rongé par la rouille, la rouille du quotidien. Ils sont nés pour l'action, mais ils ont retardé l'action ; alors l'action revient sur eux en retour de bâton. Le suicide, c'est un acte, l'acte de ceux qui n'ont pu en accomplir d'autres. C'est un acte de foi, comme tous les actes. Foi dans le prochain, dans l'existence du prochain, dans la réalité des apports entre le moi et les autres moi." Pierre Drieu la Rochelle (le feu follet)

"Je ne peux pas vouloir, je ne peux pas même désirer. Par exemple, toutes les femmes qui sont ici, je ne peux pas les désirer, elles me font peur, peur. J'ai aussi peur devant les femmes qu'au front pendant la guerre." Pierre Drieu la Rochelle (le feu follet)

"C'était la solitude, il en avait menacé la vie comme d'un couteau et maintenant ce couteau s'était retourné et lui transperçait les entrailles. Plus personne, plus d'espoir. Un isolement irrémédiable." Pierre Drieu la Rochelle (le feu follet)

"Son émoi, évidé, était là, comme une plus petite boite dans un plus grande boite. Une glace, une fenêtre, une porte. La porte et la fenêtre ne s'ouvraient sur rien. La glace ne s'ouvrait que sur lui-même." Pierre Drieu la Rochelle (Le feu follet)

"Le suicide, c'est un acte de ceux qui n'ont pu en accomplir d'autres." "Le feu follet" de Pierre Drieu La Rochelle.

"Je me tue parce que vous ne m'avez pas aimé, parce que je ne vous ai pas aimés. Je me tue parce que nos rapports furent lâches, pour resserrer nos rapports. Je laisserai sur vous une tâche indélébile. Je sais bien qu'on vit mieux mort que vivant dans la mémoire de ses amis. Vous ne pensiez pas à moi, eh bien, vous ne m'oublierez jamais !"  Pierre Drieu la Rochelle (le feu follet)

"La femme est une grande, une puissante réaliste ; elle croit aux faits, elle est entièrement dans les faits, dans les faits actuels. Le passé pour elle peut-être fort, impérieux, écrasant, mais jusqu'au moment où le présent requiert un plus grand amour ; alors le passé est soudain aboli." Pierre Drieu la Rochelle (Gilles)

"Le rêveur a le goût commun de l'omniprésence." Pierre Drieu la Rochelle (Gilles)

"[...] l'homme n'existe que dans le combat, l'homme ne vit que s'il existe par la mort. Aucune pensée, aucun sentiment n'a de réalité que s'il est éprouvé par le risque de la mort." Pierre Drieu la Rochelle (Gilles)

"La plus grande joie d'une femme, dont elle peut tirer les conséquence sensuelles les plus profondes, c'est la certitude que lui donne un homme de sa virilité morale." Pierre Drieu la Rochelle (Gilles)

"Les hommes, qui pourtant pleurent parfois, regardent pleurer les femmes avec une étrange épouvante. Pour cette épouvante, un jeune homme a tout au moins une excuse : depuis son enfance, il avait oublié le chagrin." Pierre Drieu la Rochelle (Gilles)

"Il n'y avait plus aucun avenir devant lui. Il ne pourrait plus jouir de rien. Il lui disputerait les heures, il lui disputerait ses pensées, il lui disputerait son corps. Et, loin d'elle, il serait ravagé par la pensée qu'elle attendait, espérant encore. La haïr ? Pourrait-il la haïr ? Hélas, cette ressource se dérobait pour le moment." Il n'était plus que faiblesse devant son crime." Pierre Drieu la Rochelle (Gilles)

"L'inquiétude l'y retint. Il n'était pas un homme, pas un homme ; s'il avait été il aurait foncé sur cette enfant, sans horreur. Et maintenant il ne sentirait que la gloire. Il regarda dans le noir où le remord amassait un mythe." Pierre Drieu la Rochelle (Gilles)

"[...] Alain ne pensait à rien, ou plutôt pensait à tout, mais il voyait toutes ses pensées prises dans un tourbillon dévorant ; il écoutait en lui la vitesse croissante de sa chute, de sa perte." Pierre Drieu la Rochelle (le feu follet)

"Elle l'examina avec cette acuité du premier regard qui fait que les femmes d'abord jugent un homme d'une façon qui, tant elle est exacte, devient profonde. Quand elles sont devant la force, elles la reconnaissent en un clin d’œil. Mais, aussitôt après, leur regard glisse et ne s'attache plus qu'aux détails." Pierre Drieu La Rochelle (Une femme à sa fenêtre)

"Les hommes aiment les dieux ; les femmes aiment les hommes. Il y a des moments où le désir viril est si fort, si exalté qu'il atteint la puissance spirituelle. Alors pendant un temps nous créons une idole, nous adorons Dieu dans une figure taillée. Mais bientôt l'idole pourrit dans nos mains." Pierre Drieu La Rochelle (Une femme à sa fenêtre)

"Il n'y a rien de plus beau qu'un reflet d'humanité sur un visage de femme. La part de la femme dans cet équilibre des sexes qu'on appelle l'humanité c'est le magnifique apport animal, mais en revanche quand il vient quelque chose jusqu'à elle de la fureur masculine pour l'absolu, alors le charme d'une incroyable plénitude nous enchaîne à chacun de ses gestes." Pierre Drieu La Rochelle (Une femme à sa fenêtre)

"Telle est la femme ; c'est le corps immense de la nature renversé, avec ses membres bagués d'astres, et pourtant cette chair diffuse souhaite que la raison mâle lui imprime la marque de ses distances calculées, des ses figures certaines." Pierre Drieu La Rochelle (Une femme à sa fenêtre)

"Elle connaissait les hommes : ils ne pardonnent pas ce qu'ils croient être toujours la facilité ; ils ont tous été blessés par la débauche. Avec un soudain et déconcertant manque d'orgueil, ils jugent que si l'on se donne à eux tout d'un coup, c'est qu'on peut se donner à tout le monde." Pierre Drieu La Rochelle (Une femme à sa fenêtre) 

"L'homme est intelligent, il ne peut aimer que l'image qui vient à lui selon les directions de son intelligence ; il ne peut aimer que la femme qui a le visage de la philosophie." Pierre Drieu La Rochelle (Une femme à sa fenêtre) 

"Un être ne peut se contenter d'un autre être. Donc aucun être n'est fidèle." Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"L'amour peut-être exclusif aussi longtemps que dure le prestige". Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"Ah ! aujourd'hui je suis chrétien parce que je suis fatigué et je dis qu'il n'y a pas de profondeur dans le monde des sensations. Et j'appelle péché le manque de profondeur." Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"C'est que je ne sais jamais où aller, si ce n'est au bordel ; c'est le seul endroit où l'humanité se taise et offre un commerce gentil. Aussitôt que les humains se taisent, leurs corps deviennent doucement, infiniment causeurs, comme ceux des bêtes et des plantes." Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"J'ai toujours eu le sentiment que le grand art, l'art le plus vivant et le plus créateur sait joindre la profusion à la simplicité. J'aurais voulu situer mon amour dans une époque limite entre le classique et le baroque." Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"L'amour, comme toute la vie, n'est que travail." Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"On ramène toujours l'inconnu au connu : c'est le mécanisme de toutes les erreurs."  Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"[...] il en est ainsi de la plupart des hommes et des femmes. Ils ne peuvent demeurer qu'avec quelqu'un qui représente une moyenne entre des qualités très différentes que réclament tour à tour leur sensualité et leur idée de la société." Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"Le divorce et sa promesse romanesque, c'est le cadeau secret qu'on trouve au fond de chaque corbeille de noce, cachés sous tous les autres." Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)

"L'humanité n'est ce donc que la nature ? La mémoire n'est elle pas plus forte que la terre ? Pourrissons-nous dans le cœur de ceux qui nous ont aimés comme l'humus dans la tombe ?" Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé) 

"A quoi bon connaître une vie de plus ? Une vie de plus ou de moins. Une anecdote après tant d'autres. J'en suis à ce point où l'individu qui passe ne peut être reçu que comme doublure de quelque rôle inscrit depuis longtemps dans la troupe tragique où le théâtre de ma mémoire a résumé toute l'humanité." Pierre Drieu La Rochelle (Journal d'un homme trompé)   

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