"[...] la mort subite soustrait bien des âmes aux conspirations des dévots, à l'arrachement de la dernière confession et à l'huile des dernières onctions. Le vicaire cessa de rire : le rire tomba de son visage comme un masque de carnaval, son visage laissa éclater avec une grande bassesse le mépris d'un marchand pour un chaland qui refuse la marchandise." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"[...] la mort est la grande affaire des femmes, la douleur ne les empêche pas pas de conserver une horrible présence d'esprit, de discerner exactement l'inconvenant du convenable, de mesurer sur le champ l'ampleur des funérailles à l'état de leur fortune et à leur économie." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"La mort d'un homme déclenche une suite bien réglée d'actions et de paroles : cette transformation d'un vivant en un objet silencieux qui ne questionne plus, qui ne commande plus, qu'on n’interroge plus, qui ne répond plus Je, ce passage de la condition humaine à la situation du minéral mobilisent bien des gens qui décident pour lui et chacune de leurs décisions le repousse vers la falaise de la mort." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Ils regardaient Antoine, toujours étonnés en secret qu'il n'eût pas encore bougé, qu'il ne se fût pas retourné pour prendre les attitudes familières de son sommeil : devant l'immobilité des morts, tous les hommes retrouvent l'inquiétude des animaux, des enfants. Mais Antoine n'avait pas cherché à changer de position, il n'avait point tressailli, il possédait déjà cette raide patience des morts." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Dieu, c'est la même chose que le hasard et les gouvernements. C'est tout ce qui écrase." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Antoine domine sans grands combats sa révolte : il connait le prix de la liberté. Il sait déjà que tout se paye, le repos par la peine, la liberté par les coups, l'amour par l'ennui et la vie par la mort." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"[...] les hommes n'aiment pas, ni les femmes. C'est un ouvrage qui exige trop de patience, de présence, de fins communes, de communauté, d'amitié. Ils ont inventé les passions, les coups de foudre pour servir leurs lâches illusions, excuser leur sécheresses par la mauvaise chance." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Chacun de ces deux êtres associés par le hasard, les convenances d'une société qui déteste l'amour, par un bref moment de désir ou simplement d'attendrissement, de faiblesse, n'est bientôt plus que pour l'autre qu'une présence matérielle, un objet à peine plus mobile dans l'espace que les maisons, les arbres, les meubles, les instruments domestiques : qu'est une femme pour un mari bourgeois sinon le plus mobilier de ses biens ?" Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Mais ce jour-là pourtant, Antoine accomplissait son travail comme un acte de trahison vis à vis de sa fille Marie qui était glacée et humide comme un chat noyé dans la moisissure de sa petite tombe, parmi ses jouets de bois et de carton dont le papier de couleur se décollait déjà dans la nuit sans étoiles." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"A chaque mort, il y a cette destruction, cette ruine, cette sorte de défaite. Toute une partie de l'existence est précipitée dans une crevasse ouverte, toute une partie de l'être est mortifiée." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Il y a eu les occupations de la vie, les repas en commun, les arrivées, les départs, les lettres, les retours, la présence réelle d'un humain, une familiarité, une entente à demi-mot, le jeu commun des souvenirs et les mots à moitié secrets, à moitié révélés des gens qui s'aiment, qui ont respiré à côté les uns des autres, et quand la mort saisir la vie, il ne reste plus qu'un désert de pensées brisées." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Sa mère était une très vieille femme, elle gémissait sur la mort de son mari avec cette secrète négligence des êtres en qui l'âge tarit la source véritable de la douleur : elle ne saisissait pas le vide où se perdait sa vie..." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"La pudeur, la discipline, les désirs manqués, l'absence de loisirs écrasent la partie obscure de l'être où se cachent peut-être ses plus authentiques besoins." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Sans doute pensaient-elles en le croisant qu'il était vieux, ou même elles ne pensaient rien, il faisait partie des objets immobiles ou mobiles, il faisait partie des pierres des rues, elles ne pensaient pas à lui comme une femme pense à un homme, mais comme un passant pense à un pavé, à un bec à gaz." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"La mort était en lui, elle l'emplissait d'une anxiété écœurante, sans images, sans idées, on n'a pas d'idées de la mort, on n'éprouve qu'une angoisse parfaitement nue..." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Les imbéciles se croyaient éternels, ils agissaient comme si quelqu'un de tout puissant leur avait promis l'éternité sur la terre, comme s'ils avaient été faits de matériaux incorruptibles, de diamant, et non de sang, de graisse, d'albumine, de mémoire, de choses qui pourrissent, qui se désagrègent, qui ne durent pas." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Ma vie m'est donnée par dessus le marché, elle s'ajoute à la vie des autres comme un pavé à un tas de pavés, inutile de m'entêter, ma vie ne diminue personne, elle ne profite à personne, si je pense à ma mort, c'est bien fait, c'est que ma vie est creuse, ne mérite que la mort." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Ce n'était plus de la mort corporelle qu'il avait peur, mais du visage informe de toute sa vie, de cette image vaine de lui-même, de cet être décapité qui marchait dans la cendre du temps à pas précipités, sans direction, sans repères. Il était ce décapité, personne ne s'était rendu compte qu'il avait tout le temps vécu sans tête." Paul Nizan (Antoine Bloyé)
"Savoir ce qu'on sera, c'est vivre comme les morts." Paul Nizan (La conspiration)
"La jeunesse sait mieux qu'elle n'est que le temps de l'ennui, du désordre; pas un soir à vingt où l'on ne s'endorme avec cette colère ambiguë qui nait du vertige des occasions manquées." Paul Nizan (La conspiration)
"Comme la conscience qu'on a de son existence est encore douteuse et qu'on fait fond sur des aventures capables de vous prouver qu'on vit, les fins de soirées ne sont pas gaies; on n'est même pas assez fatigué pour connaître le bonheur de s'abîmer dans le sommeil : ce genre de bonheur vient plus tard." Paul Nizan (La conspiration)
"Personne ne pense avec plus de constance à la mort que les jeunes gens, bien qu'ils aient la pudeur de n'en parler que rarement : chaque jour vide leur parait perdu, la vie ratée." Paul Nizan (La conspiration)
"A trente ans, c'est déjà fini, on s'arrange; comme on a commencé à s'habituer à la mort et qu'on fait plus rarement qu'à vingt ans le compte des années de reste, avec tout ce travail qu'on a, les rendez-vous, les politesses, les femmes, les familles, l'argent qu'on gagne, il arrive qu'on croit tout à fait à soi-même." Paul Nizan (La conspiration)
"Ils ne savaient pas encore comme c'est lourd et mou le monde, comme il ressemble peu à un mur qu'on flanque par terre pour en monter un autre beaucoup plus beau, mais plutôt à un amas sans queue ni tête de gélatine, à une espèce de grande méduse avec des organes bien cachés." Paul Nizan (La conspiration)
"Une caserne n'est guère qu'un grand rassemblement de patrons et de domestiques : aucun trait de la vie militaire n'est plus féodal que celui-là." Paul Nizan (La conspiration)
"Mais l'existence n'est en relation avec rien. Toute l'intelligence échoue à découvrir un rapport de signification dans la direction unique de la vie vers la mort." Paul Nizan (La conspiration)
"On ne peut consentir à vivre qu'en ignorant tout du style de sa mort et des formes de son vieillissement." Paul Nizan (La conspiration)
"La joie est la chose la plus tragique du monde, elle naît toujours du malheur qu'on domine." Paul Nizan (La conspiration)
"Quelle vie, de vivre dans un monde de regards ! Toute l'existence est comme un tribunal plein de juges qui vous retournent, qui vous pèsent et il n'y a pas moyen de ne pas se sentir coupable." Paul Nizan (La conspiration)
"Il y avait une telle cime de malheur, de maladie, d'impasses, de prisons, de machines qu'il semblait impossible de faire sauter cet entassement. On n'espérait plus qu'en une accumulation de haine et de désespoir assez vaste pour faire exploser le monde." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Certaines de loin paraissaient belles, fières de leur poitrine, de leurs jambes, de leurs yeux et elles regardaient les hommes qu'elles croisaient. Ce regard n'était qu'un défi : sous leur poudre, leur rouge, elles ne possédaient pas plus de bonheur ou d'amour que les autres." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Ils se défendaient comme ils pouvaient contre leur vie qui n'allait qu'à la mort, avec des manies, des alibis : ils ne voulaient pas savoir qu'on ne se défend contre la vie qu'en la vivant." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Chaque regard lui donnait de la haine pour Catherine, une haine encore combattue par la pitié, par l'écrasement du sort commun. Mais la solidarité qui lie à un cheval un cheval au fond d'une galerie de mine n'est pas l'un des noms de l'amour." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Les actions qui comptent sont celles qui comportent entre la fin qu'elles visent et la volonté qui les engage l'unique enjeu de la mort. On ne change rien qu'au risque de la mort. On ne transforme rien qu'en pensant à la mort." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Il arrivait qu'on prît des propos pour du scepticisme : il n'était pas sceptique, il croyait à la mort. Il était parvenu à ce degré de la solitude où les liens si bien tranchés qu'il n'est plus possible de reprendre pied parmi les hommes." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Le capitalisme n'est pas une civilisation : une civilisation, c'est ce qui noie ou détruit la solitude humaine. Une puissance qui empêche de penser la solitude. Une civilisation forte, c'est l'oubli du néant auquel nous sommes promis." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Aujourd’hui, il n'y a rien que le néant de l'homme seul. Cela va durer un certain temps. Il y aura plus de suicides et de stupéfiants qu'il n'y en a jamais eu." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Il arrivait à Lange d'imaginer alors les apparences de la mort et il était empli de désespoir en pensant qu'il ne trouverait jamais rien qui pût briser les murailles de cristal et qui lui permît de vivre, comme vivent tous les hommes, distraitement." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Tout homme ne vit que pour nier la mort. Il est plus dur de la nier dans le désœuvrement de la nuit." Paul Nizan (Le cheval de troie)
"Elle passe comme un nuage, et elle pourrit brutalement tout le territoire de la vie sous son ombre ; l'angoisse aspire tout l'esprit. Ensuite, on guérit, on se reprend à exister comme si on était éternel, on se joue le jeu qui consiste à esquiver la mort, on prend des remèdes et on suit des régimes et on a des passions. Paul Nizan (Le cheval de troie)
"On y dresse une partie de cette troupe orgueilleuse de magiciens que ceux qui paient pour la former nomment l’élite et qui a pour mission de maintenir le peuple dans le chemin de la complaisance et du respect, vertus qui sont le bien." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Mais
nous sommes faibles, l'impuissance est en nous, nous sommes dressés à
l'esclavage docile depuis notre enfance confortable : nul moyen de
dépister en nous les sources de l'espoir, nous ne sommes pas sourciers.
Nul moyen de comprendre que nous souffrons du désœuvrement de nos
besoins humains." Paul Nizan (Aden Arabie)
"J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. Tout menace de ruine un jeune homme : l'amour, les idées, la perte de sa famille, l'entrée parmi les grandes personnes. Il est dur d'apprendre sa partie dans le monde." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Vous voulez vivre et vous filez comme des morceaux d'astres dans votre nuit. Il faudra une attention de vos jours et de vos nuits. Pendant que vous dormez, tous les êtres peuvent mourir. Pendant que vous courrez, vous même pouvez mourir." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Quand je regarde de cette latitude abritée par le Cancer où j'ai eu vingt ans et dix neuf ans, comme on a la grippe et la typhoïde, avec le même plaisir, je vois une sale peur engendrant tout ce qu'un cœur peut secréter de fausseté et d'erreurs." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Les vrais voyageurs et les vrais évadés sont des témoins dérisoires d'une impuissance humaine." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Les voyageurs sont comme des objets tirés de toutes parts par les puissances qu'aucun objet ne satisfait, par l'amour sans amant, par l'amitié sans ami, la course sans parcours, le moteur sans mouvement, la force qui n'a jamais d'actualité : il n'y a pas d'objet, de dessein, d'occasion." Paul Nizan (Aden Arabie)
"La liberté est un pouvoir réel et une volonté réelle de vouloir être soi. Une puissance pour bâtir, pour inventer, pour agir, pour satisfaire à toutes les ressources humaines dont la dépense donne la joie." Paul Nizan (Aden Arabie)
"La véritable mort est ce qu'elle est, ce que la vie n'est pas, ce qu'est l'état d'un homme quand il ne pense rien, quand il ne pense pas, quand il ne pense pas que les autres le pensent. Je n'en suis pas là : au fond rien est perdu. Mais mon illusion est effrayante." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Je me sens mort : l'indifférence est mûre. Je ne peux pas appeler ces semaines que je vis autrement que : mort, c'est tout qu'un vivant peut penser quand il veut approcher d'aussi près qu'il le peut de la signification du néant." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Une pensée c'est ce qui est actuel, dans l'actualité sont réunies une présence immédiate et quelque activité : une pensée comporte des objets qui sont placés à un certain moment, en un certain lieu : elle dirige toutes ses ressources vers eux et les met en œuvre en leur honneur. Une pensée à envie de quelque chose. Elle veut une fin." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Le voyage est une suite de disparition irréparables." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Les hasards vous ramèneront seulement à l’ordre et au désordre des troupeaux humains qui sont des les paysages et vous serez forcés de juger, d'aimer, de détester, de céder, de résister : l'homme attend l'homme, c'est même se seule occupation intelligente." Paul Nizan (Aden Arabie)
"On ne sait donner de la joie qu'aux êtres que l'on connait, et l'amour est la perfection d'une connaissance. Il en va de même de la haine." Paul Nizan (Aden Arabie)
"La France est une collection d'hommes, d'évènements et de produits. Je n'aime pas ces hommes, ni leurs produits, ni les évènements français. Que personne n'essaye de me faire honte parce que j'insulte une déesse. Éternel visage. Éternelle maîtresse des généraux. Je n'ai pas manqué de respect à cette vierge qui n'existe pas." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Les français vivent tous les jours de leurs interminables vies comme des escargots dans leurs coquilles, trop lourdes pour qu'ils franchissent avec elles les grands déserts qui les séparent des actions et des pensées." Paul Nizan (Aden Arabie)
"La France, ce pays des procès pour les mûrs mitoyens. Partout, pièges à loup, chiens méchants, ronces artificielles, verre cassé, culs de bouteilles, code civil : si quelque chose leur paraît vraiment aimable c'est l'écriteau : Défense de passer." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Un profit achète des objets : il ne se manifeste que par un achat. Ces achats sont morts, ces objets sont dès qu'on les possède usés jusqu'à la corde : ils engendrent une maladie, des faux désirs." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Pour jouir de ses profits, pour rendre ses profits sensibles à sa propre conscience, un homme ne saurait les métamorphoser qu'en attestation de sa solitude et de son pouvoir." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Tout ce qui est autour de moi appartient à mes ennemis. Je n'ai rien, je ne jouis de rien. Je vois partout les preuves de pierre de leur domination, les églises, les palais nationaux, les casernes, les instituts, les commissariats, les palais de justice, les bordels, les ministères." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Il ne faut plus craindre de haïr. Il ne faut plus rougir d'être fanatique. Je leur dois du mal : ils ont failli me perdre. La haine va s'accroitre de la colère de savoir que la haine est une diminution de l’être, un état qui a la pauvreté pour mère." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Il n'existe plus que deux espèce humaines qui n'ont que haine pour lien. Celle qui écrase et celle qui ne consent pas à être écrasée. Il n'y a jamais eu de traité de paix, il n'y a que la guerre. Chaque minute doit abriter une pensée contre nos ennemis : les vieillards en 1913 pensaient à l'Allemagne avec cette continuité." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Vous êtes solitaires. Quand vous dinez, quand vous êtes dans un théâtre, dans un cinéma, quand vous marchez sur un trottoir, quand vous êtes dans un lit avec une femme, cherchez les pièges. Les décors où vous passez sont dressés contre vous. Vous devez les détruire." Paul Nizan (Aden Arabie)
"J'avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. Tout menace de ruine un jeune homme : l'amour, les idées, la perte de sa famille, l'entrée parmi les grandes personnes. Il est dur d'apprendre sa partie dans le monde." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Vous voulez vivre et vous filez comme des morceaux d'astres dans votre nuit. Il faudra une attention de vos jours et de vos nuits. Pendant que vous dormez, tous les êtres peuvent mourir. Pendant que vous courrez, vous même pouvez mourir." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Quand je regarde de cette latitude abritée par le Cancer où j'ai eu vingt ans et dix neuf ans, comme on a la grippe et la typhoïde, avec le même plaisir, je vois une sale peur engendrant tout ce qu'un cœur peut secréter de fausseté et d'erreurs." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Les vrais voyageurs et les vrais évadés sont des témoins dérisoires d'une impuissance humaine." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Les voyageurs sont comme des objets tirés de toutes parts par les puissances qu'aucun objet ne satisfait, par l'amour sans amant, par l'amitié sans ami, la course sans parcours, le moteur sans mouvement, la force qui n'a jamais d'actualité : il n'y a pas d'objet, de dessein, d'occasion." Paul Nizan (Aden Arabie)
"La liberté est un pouvoir réel et une volonté réelle de vouloir être soi. Une puissance pour bâtir, pour inventer, pour agir, pour satisfaire à toutes les ressources humaines dont la dépense donne la joie." Paul Nizan (Aden Arabie)
"La véritable mort est ce qu'elle est, ce que la vie n'est pas, ce qu'est l'état d'un homme quand il ne pense rien, quand il ne pense pas, quand il ne pense pas que les autres le pensent. Je n'en suis pas là : au fond rien est perdu. Mais mon illusion est effrayante." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Je me sens mort : l'indifférence est mûre. Je ne peux pas appeler ces semaines que je vis autrement que : mort, c'est tout qu'un vivant peut penser quand il veut approcher d'aussi près qu'il le peut de la signification du néant." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Une pensée c'est ce qui est actuel, dans l'actualité sont réunies une présence immédiate et quelque activité : une pensée comporte des objets qui sont placés à un certain moment, en un certain lieu : elle dirige toutes ses ressources vers eux et les met en œuvre en leur honneur. Une pensée à envie de quelque chose. Elle veut une fin." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Le voyage est une suite de disparition irréparables." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Les hasards vous ramèneront seulement à l’ordre et au désordre des troupeaux humains qui sont des les paysages et vous serez forcés de juger, d'aimer, de détester, de céder, de résister : l'homme attend l'homme, c'est même se seule occupation intelligente." Paul Nizan (Aden Arabie)
"On ne sait donner de la joie qu'aux êtres que l'on connait, et l'amour est la perfection d'une connaissance. Il en va de même de la haine." Paul Nizan (Aden Arabie)
"La France est une collection d'hommes, d'évènements et de produits. Je n'aime pas ces hommes, ni leurs produits, ni les évènements français. Que personne n'essaye de me faire honte parce que j'insulte une déesse. Éternel visage. Éternelle maîtresse des généraux. Je n'ai pas manqué de respect à cette vierge qui n'existe pas." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Les français vivent tous les jours de leurs interminables vies comme des escargots dans leurs coquilles, trop lourdes pour qu'ils franchissent avec elles les grands déserts qui les séparent des actions et des pensées." Paul Nizan (Aden Arabie)
"La France, ce pays des procès pour les mûrs mitoyens. Partout, pièges à loup, chiens méchants, ronces artificielles, verre cassé, culs de bouteilles, code civil : si quelque chose leur paraît vraiment aimable c'est l'écriteau : Défense de passer." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Un profit achète des objets : il ne se manifeste que par un achat. Ces achats sont morts, ces objets sont dès qu'on les possède usés jusqu'à la corde : ils engendrent une maladie, des faux désirs." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Pour jouir de ses profits, pour rendre ses profits sensibles à sa propre conscience, un homme ne saurait les métamorphoser qu'en attestation de sa solitude et de son pouvoir." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Tout ce qui est autour de moi appartient à mes ennemis. Je n'ai rien, je ne jouis de rien. Je vois partout les preuves de pierre de leur domination, les églises, les palais nationaux, les casernes, les instituts, les commissariats, les palais de justice, les bordels, les ministères." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Il ne faut plus craindre de haïr. Il ne faut plus rougir d'être fanatique. Je leur dois du mal : ils ont failli me perdre. La haine va s'accroitre de la colère de savoir que la haine est une diminution de l’être, un état qui a la pauvreté pour mère." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Il n'existe plus que deux espèce humaines qui n'ont que haine pour lien. Celle qui écrase et celle qui ne consent pas à être écrasée. Il n'y a jamais eu de traité de paix, il n'y a que la guerre. Chaque minute doit abriter une pensée contre nos ennemis : les vieillards en 1913 pensaient à l'Allemagne avec cette continuité." Paul Nizan (Aden Arabie)
"Vous êtes solitaires. Quand vous dinez, quand vous êtes dans un théâtre, dans un cinéma, quand vous marchez sur un trottoir, quand vous êtes dans un lit avec une femme, cherchez les pièges. Les décors où vous passez sont dressés contre vous. Vous devez les détruire." Paul Nizan (Aden Arabie)
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