lundi 1 mai 2017

Jacques Rennes

"Le syndicalisme a été défini : une association continue de salariés destinée à maintenir ou à améliorer leurs conditions d'existence."

"Un syndicalisme purement réformiste, ou de collaboration, n'est pas un instrument de défense, de libération, encore moins de construction ; il n'est plus, entre les mains de l'adversaire de classe, qu'un leurre pour abuser ceux-là mêmes qui l'ont établi."

"Aujourd'hui, le syndicalisme est révolutionnaire ou il n'est pas. Son inspiration, sa constitution, son efficacité, se mesurent à son sentiment révolutionnaire."

"Si l'on admet que le socialisme utilise à sa réalisation deux moyens, la politique et le syndicalisme, on observera que la politique s’enlise toujours, d'étape en étape, au cours de l'évolution sociale ; et que seul le syndicalisme, en réagissant chaque fois contre cet enlisement , en se soulevant, en s'insurgeant, en créant un apparent désordre, oblige la politique à reprendre le mouvement en avant."

"Le syndicalisme doit édifier une économie neuve fondée sur certains droits et sur certains devoirs de l'homme en société, tels que le droit à la vie, le droit commun aux conditions essentielles de l'existence, à ses commodités, à ses moyens d'éducation et d'instruction, à ses inspirations, à ses repos, à ses loisirs et à ses plaisirs ; et tels que la participation aux travaux, aux fatigues, aux dangers, aux sacrifices qu'impose l'intérêt commun."

"Le syndicalisme doit avoir l'esprit révolutionnaire par opposition nette à l'esprit bourgeois capitaliste ; c'est en ceci que consiste essentiellement son esprit de classe."

"[...] l'esprit bourgeois capitaliste demeure opposé aux réformes profondes que l'évolution historique commande ; et que toute collaboration, tout compromis consenti, toute concession faite à la classe bourgeoise capitaliste aboutit à un échec pour la classe prolétarienne ou salariée, et aboutit, de plus, à énerver, à affaiblir la volonté et la puissance syndicalistes."

"Le syndicalisme doit être constructeur. Dans l'esprit révolutionnaire, voilà sa tâche essentielle. A lui de  bâtir l'économie nouvelle. Et dans cet ordre de construction, rien de ce qui est nécessaire, utile, profitable et agréable aux hommes ne doit lui échapper."

"Le syndicalisme doit tout envisager, tout acquérir à cet effet, et tout entreprendre : les richesses naturelles et les moyens de production, le crédit, la répartition, le contrôle... Il doit tenir toute l'économie. Par elle, il acquerra la puissance politique, la vraie, non pas celle qui consiste dans l'exercice du pouvoir par le gouvernement et par le parlementarisme ; mais celle qui relève précisément de la propriété économique et qu'à ce titre, ont exercée et exercent encore les puissances capitalistes."

Le syndicalisme doit devenir l'autorité sociale, au lieu et place de la bourgeoisie, trop souvent immorale. Cette autorité lui viendra naturellement quand il se sera fait une éthique supérieure à l'éthique bourgeoise."

"Au sein des syndicats devraient naître les plus belles vertus, les plus nécessaires, celles sans qui les autres ne sont rien : l'honnêteté, le courage, l’abnégation, la joie au travail, une solidarité entière."

"Pierre Leroux, idéologue prodigue et républicain, s'écrie : la vraie République, c'est le socialisme. Vouloir faire triompher la république en France sans le socialisme, c'est absurde."

"Balzac estime la religion nécessaire "pour faire accepter au peuple les souffrances et le travail constant de sa vie". Peu après, par le verbe d'une de ses héroïnes, il ajoutera : pour "permettre aux riches de vivres tranquilles."

La bourgeoisie estime qu'au droit divin des rois a succédé un droit divin des propriétaires. Au nom de ce droit, les inégalités sociales sont sacrées, pleines, pour les heureux privilégiés de la fortune d'avantages providentiels." [...] Bastiat, l'économiste, soutiendra la même thèse : il ne faut pas, dit-il contrarier ni déplacer les intérêts, sous peine de déranger une mécanique sociale qui "révèle la sagesse de Dieu et raconte sa gloire"."

"En son esprit (Proudhon), les légitimes revendications de la classe ouvrière doivent aboutir à la justice ; et toute la révolution a pour but l'établissement de la justice, par une organisation où l'autorité disparaîtra pour faire place à la mutualité et au contrat."

"L'homme poursuit une fin, une fin humaine, une fin terrestre ; il y atteindra par le travail, par la morale, par la capacité. Il n'y a rien à attendre de la morale bourgeoise contemporaine ; seul le prolétariat peut élever le peuple à sa dignité humaine ; c'est au peuple à faire sa propre éducation, par une expérience incessamment renouvelée, par des combats héroïques où sa volonté se retrempera au feu des épreuves."

"Quand les travailleurs, par leurs syndicats, auront acquis le sens du travail désintéressé, quand ils seront pénétrés à la fois d'une morale de producteurs qui s'éloigne du profit, et d'une qualité spirituelle qui s'élève au dessus des vulgaires nécessités, alors le prolétariat ouvrier donnera la secousse finale à la société bourgeoise vermoulue. Le syndicalisme aura vaincu."

"Le travail, dit Proudhon, n'est pas seulement facteur de production ; il est encore maître de science et de vertu, instructeur et moralisateur. Il enseigne l'humanité par l'industrie, moyen et fin de l'économie sociale."

"Quiconque, s'écrie Proudhon, pour organiser le travail, fait appel au pouvoir et au capital, a menti, parce que l'organisation du travail doit être la déchéance du capital et du pouvoir. Dans cette conception se résume la pensée maîtresse de Proudhon. Elle est anarchique en ce sens qu'elle fait tomber les deux têtes couronnées de la société : le capital et l'état ; mais à l'ordre détruit se substitue un ordre nouveau, meilleur, plus humain, l'ordre syndicaliste."

"Vaincre le pouvoir en ne lui demandant rien, c'est rendre l’État inutile et provoquer sa disparition. Remplacer le capital par le crédit, évidemment mutuel, c'est soustraire l'argent à sa fonction odieuse de source de profit, le réduire à sa valeur d'échange ; non coûteux pour qui le demande, non productif pour qui le remet, il passe du crime social au service désintéressé."

"Elle avait proclamé (la Fédération des Syndicats) que la grève partielle ne peut être qu'un moyen d'agitation et d'organisation ; seule, la grève générale, c'est à dire la cessation complète de tout travail, et partout à la fois, peut amener les travailleurs à leur émancipation."

"La CGT se donne pour but "le groupement des salariés pour la défense de leurs intérêts moraux et matériels, économiques et professionnels ; elle groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat."

"Pouget définit ainsi les prérogatives des syndicats : tenir tête aux exploiteurs ; obtenir des améliorations successives aux conditions de l'exploitation capitaliste ; conserver les améliorations acquises ; coordonner progressivement les rapports de solidarité ouvrière ; enfin et surtout, être une école de volonté."

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